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Corruption et justice: réflexions essentielles.

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Corruption et justice: réflexions essentielles.
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Posted: 2024-12-09T15:12:25Z

Par Mme Moniati Bouchra

Magistrate à la Cour d’Appel de Rabat, Maroc


La corruption judiciaire, ce mal insidieux, érode la confiance dans nos institutions et sape les fondements mêmes de l’État de droit. Elle transcende les frontières et n’épargne aucun système judiciaire, qu’il soit solide ou fragile. Si nous voulons enrayer ce phénomène, il est impératif de le comprendre et d’agir ensemble. Forte de mes 24 années d’expérience en tant que magistrate, je souhaite partager mes réflexions sur cette problématique complexe.

 

Une affaire de principes, pas de portefeuille

La corruption n’est pas automatiquement liée à la situation financière des magistrats, des fonctionnaires du greffe ou des autres auxiliaires de justice tels que les avocats et les huissiers de justice. Beaucoup parmi ces catégories jouissent d’une situation économique favorable, mais ne sont pas pour autant intègres. En revanche, d’autres se distinguent par leur honnêteté et accomplissent leur travail avec une intégrité et une indépendance exemplaires.


Ainsi, mon premier constat est que le fait d’être corrompu ou non dépend principalement des principes intrinsèques de chaque individu, de son entourage et de l’éducation qu’il a reçue.

 

Le pouvoir dissuasif des sanctions

L’existence ou l’absence d’un mécanisme coercitif pour sanctionner les abus commis par les intervenants du système judiciaire joue un rôle crucial. Lorsqu’un individu sait qu’au-delà d’une certaine limite des sanctions lui seront appliquées, il tend à se montrer plus prudent et respectueux des règles.

J’ai remarqué que l’application de sanctions a un impact particulier sur les personnes concernées, surtout lorsque leur carrière pourrait être mise en péril. Ainsi, la crainte d’être puni conduit souvent un juge, un fonctionnaire du greffe ou un auxiliaire de justice à mieux respecter ses devoirs professionnels.

 

Un environnement professionnel exemplaire : clé de l’intégrité

L’environnement professionnel dans lequel évolue un intervenant de la justice influence également son comportement. Par exemple, lorsqu’un jeune magistrat nouvellement recruté travaille aux côtés de personnes intègres, il tend à suivre le même chemin et à les prendre pour modèles. En revanche, s’il évolue dans un environnement où la corruption est présente, il risque de dévier, surtout s’il est fragile et facilement influençable.


Un appel à l’action collective

La lutte contre la corruption judiciaire ne peut être menée isolément. Elle exige un engagement collectif : des États qui renforcent leurs mécanismes de contrôle, des citoyens qui dénoncent les abus et des professionnels de la justice qui se montrent à la hauteur de leurs responsabilités.


La Journée mondiale contre la corruption, qui a inspiré ces réflexions, n’est pas seulement un moment de sensibilisation, mais un appel à agir. Si chaque acteur joue son rôle, nous pouvons restaurer la confiance dans nos institutions et garantir une justice impartiale pour tous.